Classification des espèces

Généralités

Tourterelle des bois                  Photographie Aurelien Audevard : Digiscoping Ouessant



Dans un livre intitule Systema naturae (1758), le naturaliste suédois Charles Linné (1707-1778) proposa un système de classification. Son système, toujours en vigueur, fut progressivement accepté et il est toujours à la base des classifications actuelles.


Dans ce système, chaque oiseau identifié reçoit un nom scientifique unique et formé de mots tirés du latin ou du grec ancien. Ce nom, dans une certaine mesure, décrit l'oiseau succinctement. Ce nom scientifique est attribué à un spécimen de référence, qui se trouve dans un musée. Par la suite si un doute survient quant à l'appartenance d'un oiseau à une espèce précise, on vérifiera sa ressemblance avec ce spécimen.


Le premier de ces mots est le nom du genre auquel appartient cette espèce ; le second mot est le nom d'espèce. Par convention scientifique, le nom du genre commence toujours par une majuscule et le nom d'espèce par une minuscule. Enfin, le nom scientifique est toujours imprimé en italiques.


Linné créa d'autres subdivisions au sein d'un système de pyramidal beaucoup plus vaste, qui comprend plusieurs autres catégories. Les familles regroupent les genres, et les ordres réunissent plusieurs familles. Au fur et à mesure que l'on descend dans ce classement hiérarchique, on trouve des individus qui ont de plus en plus des caractères communs et qui sont de moins en moins nombreux à partager ces caractéristiques précises.


 Règne  animal  Animalia
 Embranchement  Chordés  Chordata
 Classe  Oiseaux  Aves
 Ordre  Passériformes  Passeriformes
 Famille  Plocéidés  Ploceidae
 Genre  Passer  Passer
 Espèce  domesticus  domesticus


Ainsi, Passer est le nom de genre des moineaux, et Passer domesticus, le nom du moineau domestique, tandis que le moineau friquet est appelé Passer montanus. Ces deux oiseaux sont étroitement apparentés, car ils font partie du même genre. L'accenteur mouchet, dont le nom scientifique est Prunella modularis, n'est pas un proche parent des moineaux, bien qu'on le confonde parfois avec eux à cause de sa coloration. La classification exprime donc des rapports de parenté entre certains oiseaux. Ce système se classification est basé sur la théorie de l'Evolution. Cette théorie suppose que les espèces faisant partie d'une même famille ont évolué à partir d'un ancêtre commun.


Le nom français ou la ressemblance apparente d'un oiseau avec un autre peut être une source d'erreur. Ainsi la mésange à longue queue n'est pas une proche parente des autres mésanges contrairement à ce que son nom pourrait indiquer. De même certains oiseaux, morphologiquement différents peuvent se retrouver dans une même famille, alors que d'autres apparemment très proches peuvent être classés dans des ordres différents. Par exemple les grives litorne, mauvis, musicienne, le rouge-gorge et le merle sont réunis dans la famille des turdidés. Quant aux hirondelles, elles forment celle des hirundinidés. Turdidés, hirundinidés et d'autres familles, comme celle des fringillidés, forment l'ordre des passériformes ou passereaux, dans lequel on place tous les oiseaux percheurs ayant un seul doigt postérieur. En revanche, les martinets (famille des apodidés) font partie d'un ordre différent (apodiformes) bien qu'ils aient un mode de vie et un aspect rappelant ceux des hirondelles.


Dans les classifications actuelles, on emploie également des subdivisions, comme la superfamille ou le sous-ordre, afin de préciser certains apparentements, car certains ordres sont si vastes qu'il a été nécessaire de créer d'autres niveaux de classification. Par exemple l'ordre dont font partie les petits échassiers (Limicoles) est si important que les espèces les plus connues en Europe occidentale sont réparties entre 4 sous-familles :


Ordre des
Charadriiformes
Sous-ordre des
Charadrii
(2 autres sous-ordres)
Super-famille des
Charadroidea
(6 autres super-familles)
Famille des
Scolopacidae
(5 autres familles)
Sous-famille des Tringinae
(courlis, etc.)
Sous-famille des Scolopacinae
(Bécasse, bécassines, etc.)
Sous-famille des Calidritinae
(barges, chevaliers, etc.)
Sous-famille des Arenariinae
(Tournepierre).
Fonds de page de tableaux Guy Bourderionnet

Les espèces

C'est l'espèce qui constitue l'unité biologique fondamentale : elle est composée d'individus, mâles et femelles, d'aspect identique ou du moins très semblable, capables de s'accoupler en donnant une progéniture dotée des mêmes caractéristiques.


Les super-espèces

Le terme super-espèce ou espèce jumelle est parfois utilisé pour indiquer que ses membres sont encore très proches et sont issus récemment d'un ancêtre commun : si les moineaux domestique et espagnol sont considérés comme comme des espèces distinctes, le statut du moineau cisalpin est plus difficile à établir, car il se croise avec le moineau domestique en Italie et avec le moineau espagnol en Sicile. Comme il est difficile de préciser le statut de ce passereau, l'emploi du terme super-espèce paraît indiqué.


Les sous-espèces

Diverses sous-espèces, dites aussi formes ou races géographiques, peuvent être distinguées au sein d'une même espèce. Les individus de même espèce, mais de sous-espèces différentes, peuvent se croiser entre eux dans la nature, mais généralement ils ne le font pas, parce qu'ils occupent des aires géographiques distinctes. Tout au plus trouvera-t-on des métis à la limite commune des races géographiques voisines. Même si les différences morphologiques existent entre oiseaux de plusieurs sous-espèces, elles sont souvent peu évidentes à observer à distance pour le non spécialiste. Les ornithologues parviennent néanmoins à identifier des souches d'une même espèce. Cependant quand une barrière géographique sépare deux sous-espèces, leur identification devient plus aisée. Par exemple, la Manche isole les oiseaux britanniques de leurs congénères du reste de l'Europe et chez environ 25 espèces on a pu reconnaître l'existence de sous-espèces distinctes de part et d'autre de ce bras de mer.


La classification est une théorie scientifique révisable

Établir une classification exhaustive et exacte d'un groupe animal est une tâche difficile. Il suffit de consulter différents ouvrages d'ornithologie pour constater que l'ordre dans lequel les familles sont énumérées et le nombre d'espèces qu'on leur attribue varient de l'un à l'autre. Les classifications actuellement les plus employées distinguent 28 ou 29 ordres, mais une autre en propose 51, preuve que certains regroupements sont probablement très artificiels. Une autre difficulté concerne le nombre des espèces. Beaucoup de gens croient qu'il est possible de le préciser mais, nous l'avons dit, il est souvent impossible de tirer un trait entre deux populations et de dire s'il s'agit de deux sous-espèces ou de deux espèces. La classification des espèces d'oiseaux n'est pas établie aujourd'hui une fois pour toute. Plus nous auront une connaissance des populations avicoles, plus la classification des oiseaux pourra en être modifiée en conséquence. Si l'on considère que l'évolution est toujours actuellement un processus continu, on comprendra que tous les stades de la formation de nouvelles espèces puissent être présents à un moment donné.


En conclusion, les classifications sont des outils indispensables et pratiques, mais elles trouvent leurs limites en fonction de l'état de la connaissance scientifique. Ce sont donc seulement des théories sujettes à révision et non des systèmes établis définitivement.