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«Bientôt les usines deviendront les structures d'accueil de la zone naturelle! «. Dominique Delfino ironise et le reconnaît lui-même, exagère quelque peu. Il n'empêche que sa réflexion traduit l'inquiétude de plus en plus en vive des défenseurs de la nature concernant l'avenir des 30 hectares de la réserve de Brognard.
Le constat - cet espace souffre - n'a rien de nouveau. Mais les craintes se font d'autant plus sérieuses au vu des travaux qui se déroulent actuellement aux abords de la zone. Non seulement la construction d'un pont (devant desservir l'extension Technoland 2) est lancée mais surtout une pâture de quatre hectares (l'ancien lit de l'Allan) est en train d'être remblayée juste à l'entrée de l'espace naturel, en face de Delphi Packhard. Le chantier est d'importance, comme a pu le constater hier matin la quinzaine de personne venues observer les oiseaux hivernants, à l'invitation de la LPO (ligue pour la de protection des oiseaux) et de l'association des vallées de l'Allan et de la Savoureuse.
Vingt ans bientôt
Les travaux de terrassement ont pour but de rendre aménageables ces hectares. Rien de précis pour l'heure mais l'installation de nouvelles entreprises semble bien sûr la perspective la plus crédible. Pour les défenseurs de la nature, le problème est là : outre l'impact paysager, l'étau se resserre autour de la zone. «Elle va être totalement enclavée ce qui n'est pas bon», pronostique Georges Lignier de la LPO. Déjà les nuisances dues à la zone industrielle existante sont réelles : circulation notamment et également pollution lumineuse. Cette dernière gêne particulièrement le repos et la nidation des oiseaux, alors même qu'on est ici sur un couloir de migrations. Tout ne vient pas de là mais en dix ans, les spécialistes constatent, au niveau de la faune et de la flore, un appauvrissement tant en quantité qu'en diversité. «On voit de moins en moins de petits gravelots et plus du tout de balbuzard (un rapace) pêcheur par exemple», illustre Georges Lignier. «La zone est trop sous pression».
Avec l'enclavement de la zone, les responsables d'associations craignent également qu'elle ne puisse remplir son rôle : à savoir celle d'une éponge - plus ou moins naturelle en cas de crues. Or, c'est bien dans ce but que cet espace a été créé voici quasiment vingt ans. Il s'agissait d'une mesure compensatoire au second détournement de l'Allan et à l'assèchement de sa plaine pour y réaliser Technoland.
Conscients qu'il faut« composer avec le développement économique», les défenseurs de la zone aimeraient cependant que les erreurs du passé ne se réitèrent pas. Ils demandent donc des concertations avec la communauté d'agglomération (responsable de Technoland) afin de débattre des aménagements et surtout de leur intégration environnementale au sein d'un schéma global. Bref†: mieux vaut prévenir que guérir au coup par coup. Reste que Brognard demeurera la seule zone naturelle de France à deux pas d'une zone industrielle. Un paradoxe difficile à résoudre.