Voyage à Madagascar

Diégo-Suarez


Photographie Jacques Nicolin



DIÉGO-SUAREZ (ANTSIRANANA)
80000 hab.

Troisième port de l'île après Tamatave et Majunga, capitale du Nord de Madagascar, ancienne garnison française, Diégo a perdu de sa superbe, mais elle dégage un sacré sentiment de nostalgie. Plus que dans toute autre ville malgache, la trace des bâtiments et les installations de l'ancien colonisateur procure un sentiment d'abandon presque fantomatique. Le charme de la décadence ! Le quartier du port reste une marque quasi indélébile de ce passé militaire. De l'adorable place Joffre et sa vue sur la baie (la deuxième plus grande baie du monde après Rio) aux navires échoués qui rouillent dans la rade en passant par l'ancien Hôtel de la Marine, tout semble ne plus être qu'un musée à ciel ouvert et à l'abandon… Et pourtant, le centre se reconstruit, des cybercafés fleurissent, des pubs, des bars apparaissent, un Grand Hôtel flambant neuf domine la rue Colbert depuis quelques années, des boutiques d'artisanat ouvrent leurs portes. Diégo bouge et renaît, mais doucement, tout doucement. Mora-mora… Enrichie de cette histoire, la ville abrite la population la plus cosmopolite de l'île : Antakànnas et Sakalavas se mêlent aux Comoriens, Arabes, Karanes, Chinois et Français, sans oublier les marins de toutes les couleurs qui y font escale régulièrement. Et là, c'est jour de fête ! Les environs recèlent de superbes lieux d'excursion en voiture, en 4x4 ou de balades pédestres. Un enchevêtrement de baies, une plage dans un village de pêcheurs, la montagne d'Ambre et le massif de l'Ankàrana vers le sud. Bref, à nos yeux, Diégo-Suarez possède ure atmosphère assez unique à Madagascar. On adore !


Un peu d'histoire

Jadis comptoir musulman, plaque tournante du commerce des esclaves et du khat (feuille aux vertus euphorisantes venue du Yémen, encore très mâchée dans le coin, coincée en boule dans la joue), Diégo-Suarez a eu longtemps le regard tourné vers l'Afrique et les Comores, ce qui explique en partie son cosmopolitisme actuel. En 1500 et 1506, les navigateurs portugais Diego Dias et Fernan Soares empruntèrent avec émerveillement et autorité la deuxième plus grande baie du monde (156 km de long). Celle de Rio fut découverte à la même époque (1502) par un autre navigateur portugais. Diables de Portugais ! Quoi qu'il en soit, ces deux-là donnèrent à la ville leurs deux noms associés, et ce nom est resté ancré dans tous les esprits malgré la malgachisation des noms européens depuis l'indépendance.


La France débarque !

En 1885, la France s'empare de la ville. La rade de Diégo-Suarez offre une situation stratégique idéale pour l'installation de la marine française et ouvre la voie à la colonisation de la Grande Terre. Joffre, avant qu'il ne devienne un maréchal célèbre de la Première Guerre mondiale, y sera en poste à la fin du XIXe s. La ville a gardé la trace de son passage. Diégo connaît alors une forte expansion, bâtie sur un plan quadrillé au cordeau : les artères sont tracées à la règle. Avec l'armée, ça ne rigole pas ! L'arsenal est construit, les casernes et les résidences des officiers fleurissent. En 1942, les Forces françaises libres et la Royal Navy reprennent le contrôle de la ville passée à l'administration pétainiste, comme tout le reste de l’île d'ailleurs. C'est en 1972, avec l'arrivée de Didier Ratsiraka, que la Légion étrangère quitte définitivement Diégo-Suarez… L'indépendance de Madagascar est alors érigée en principe absolu. Les bâtiments de l'époque coloniale se dégradent vite avec le temps. On peut voir aujourd'hui ce qu'il serait correct d'appeler des vestiges. Mais l'arsenal a été reconverti en chantier naval, et la ville s'est dotée d'une usine de conditionnement du thon, créatrice de nombreux emplois !


Extrait de "Guide du routard Madagascar"



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