Voyage à Madagascar

Les lémuriens


Propithèque de Verreaux                                                           Photographie Jacques Nicolin

Parents des singes — et donc des humains —, les lémuriens appartiennent au groupe des prosimiens, sous-ordre des primates qui englobe le galago et le potto d'Afrique, ainsi que le tarsier et le loris d'Asie. Les lémuriens sont des primates arboricoles qui ne vivent qu’à Madagascar hormis deux espèces récemment introduites aux Comores.

À Madagascar, l’ordre des primates est représenté par les seuls lémuriens, groupe primitif par de nombreux caractères anatomiques et physiologiques. L'absence des singes, plus récents et plus évolués, leur a permis une remarquable diversification dans tous les milieux écologiques de l'île. On trouve sur l’île rouge, en plus des espèces actuelles, les restes d'espèces éteintes depuis mille à trois mille ans. Aucun reste fossile, proche des espèces actuelles de Madagascar, n'a été retrouvé à ce jour en dehors de l'île; cependant, des restes fossiles de lémuriens ont été découverts en Europe, en Amérique du Nord.

Les ancêtres des lémuriens seraient arrivés il y a environ 50 millions d'années à Madagascar, qui était déjà séparée de ['Afrique : sur le continent, l'évolution des espèces donnera naissance aux singes alors que sur la Grande Île, les lémuriens trouvèrent peu de concurrence et de nombreuses niches écologiques où se diversifier. Dans ce paradis forestier primitif, isolé depuis longtemps et alors très riches, ils ne rencontrèrent peu de compétition de se différencièrent en de nombreux à mesure qu’ils étendaient leur domaine et se multipliaient. Certains sont restés nocturnes ou crépusculaires, d’autres, gagnant en taille, ont adopté une vie diurne : Madagascar fut aussi le berceau de grandes espèces qui se sont éteintes, il y a 1000 à 3000 ans, probablement après l’arrivée des premières populations humaines.

Apparentés aux primates primitifs, les lémuriens se placent, dans l'évolution, avant le singe. Cela ne signifie pas nécessairement qu'ils sont moins évolués que ces derniers, mais plutôt qu'ils ont subi une évolution différente pour des raisons qui restent mal connues. Certains pensent qu'ils vivaient à Madagascar avant que l'île ne se sépare de la plaque africaine. D'autres affirment qu'ils seraient arrivés à Madagascar sur des bois flottés. Une hypothèse est que des animaux, assez proches des Microcèbes (le plus petit des lémuriens actuels) ont vraissemblablement gagné la Grande-île sur des radeaux naturels de troncs et de lianes. La capacité d'hibernation des Microcèbes a sans doute permis à ces ancêtres des lémuriens d'effectuer ce voyage assez long. Le canal du Mozambique est large de 400 kilomètres, on trouve souvent des arbres flottant à la surface des eaux.

Les travaux du Dr Rumpler ont montré, à partir d'études chromosomiques, que tous les lémuriens malgaches dérivent d'espèces de petite taille (12 cm), insectivores, nocturnes, très discrètes, relativement communes même en forêt dégradée : les microcèbes, apparentés à des formes africaines.

Quoi qu'il en soit, les lémuriens semblent avoir survécu sur la Grande Île grâce à l'absence des singes, qui les ont éliminés presque partout ailleurs. C'est d'un autre primate qu'ils doivent maintenant se méfier : une quinzaine d'espèces de lémuriens ont en effet disparu depuis l'arrivée de l'homme à Madagascar, dont le Paleopropithecus et l'Archeoindris, qui aurait pesé plus de 160 kg. Flacourt mentionne vers 1650 la présence d'un "animal grand comme un veau de deux ans qui a la tête ronde et une face d'homme…". Propriété de l'Académie malgache, des crânes fossilisés appartenaient à des grands lémuriens, vraisemblablement diurnes et lents, qui se sont éteints après l'arrivée de l'homme, vers 500 apr. J.-C. voire plus récemment pour des espèces un peu moins grandes (subfossiles récemment découverts à Belobaka et Ambongonambakoa 1). Les « petits » lémuriens actuels ont sans doute survécu grâce à leurs habitats mieux cachés, leurs moeurs plus vives et furtives, leur taille plus discrète. Mais ils sont menacés aujourd'hui par les mêmes dangers. De nos jours, certaines espèces, objets de superstitions, sont encore chassées.

Le terme « lémurien» vient de lémure, mot ancien qui désigne le spectre d'un mort, en référence aux larges orbites oculaires de ces animaux et aussi parce qu’ils sont si farouches et peu visibles qu'ils ont fait penser à des fantômes. On distingue deux grands groupes de lémuriens (prosimiens, sous-ordre des primates) dans le monde : les lorisiformes (loris de Ceylan, galago du Sénégal) et les lémuriformes, plus nombreux, qu'on ne rencontre qu'à Madagascar. Il existait autrefois des « lémuriens géants » (dont les Palaeopropithecus) qui se déplaçaient dans les arbres, à la manière des paresseux. Si certaines formes géantes ont disparu avec l'arrivée de l'homme, il en subsiste une trentaine d'espèces, soit 90 % des espèces recensées sur la planète, de la taille d'un rat à celle d'un chien moyen. ,

Les lémuriens ont de grands yeux, dont le « tapis» réfléchissant, derrière la rétine, leur permet une meilleure vision nocturne. Aucune cloison osseuse ne protège intégralement les orbites. Aussi le crâne des lémuriens est-il moins solide que celui des simiens de même origine. Avec l’apparition de types diurnes plus grands, la vision devint une fonction primordiale. Elle se perfectionna au détriment de l’odorat en favorisant la sélection d’individus aux orbites plus écartées, pouvant ainsi mieux apprécier relief et distances. La précision du mouvement est, en effet, vitale pour ces animaux arboricoles qui se déplacent par sauts. Leurs membres postérieurs sont développés, et ils possèdent des mains et des pieds préhensiles. Les mains des lémuriens sont proches de celles de l'homme. Tout comme les pieds elles comportent cinq doigts très minces, dont l'un est opposable aux autres, élargis à leur extrémité et munis d'ongles, sauf le deuxième, qui possède une griffe leur permettant de gratter leur fourrure ou celle de leurs congénères. Le pelage des lémuriens est assez dense, parfois laineux. Celui des petites espèces est sombre, tandis que celui des plus grandes est de couleurs variées – quelquefois blanc – leur assurant ainsi une meilleure protection contre les rayons du soleil. Tous possèdent une queue touffue (sauf l'indri).

Mammifères et frugivores, les lémuriens se nourrissent de feuilles et de fruits. Des lémuriens nocturnes ajoutent des insectes à ce régime. Arboricoles, ils quittent rarement l'abri naturel que leur procurent les arbres, aussi bien dans les zones de végétation sèche qu'humide.

Les lémuriens sont des primates de petite et moyenne taille. On a dénombré une trentaine d'espèces de lémuriens sur l'île (chiffre pouvant encore varier). Ils sont tous arboricoles; plusieurs sont de mœurs nocturnes ou crépusculaires. Leur queue est généralement assez longue mais non préhensile. Les lémuriens nocturnes ont des yeux de grande taille, ce qui leur permet une meilleure vision. Leur pelage est long, quelquefois laineux.

Ils sont divisés en cinq familles :

les lémuridés.
• les lépilémuridés.
• les indriidés.
• les chéirogalidés.
• les daubentoniidés .

Selon les espèces, les lémuriens sont diurnes ou nocturnes (ces derniers étant en général de petite taille) et vivent soit en solitaire, soit en groupe. Les plus petits ne mesurent que quelques centimètres, le plus grand peut atteindre 90 cm. Parmi leurs autres caractéristiques, citons leurs incisives en forme de peigne, leur période de reproduction unique dans l'année — à la différence de la majorité des autres primates — et le fait que certaines espèces marquent leur territoire soit par leur urine, soit grâce à une substance odorante sécrétée dans la paume de leurs mains.

Sources : synthèse de textes de différents guides et wikipédia



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