Voyage à Madagascar

Menaces et protection




MENACES

Les menaces qui pèsent actuellement sur les richesses naturelles de Madagascar sont énormes et très variées. On évoquera fatalement la surpopulation qui porte certainement une part de responsabilité par les besoins qu'elle engendre: bois de feu, matériaux de construction ou terres à cultiver. Mais certains fléaux sont peut-être plus à craindre, comme le brûlis de la savane sur le Haut-Plateau ou la surexploitation des ressources dans le sud-ouest, notamment, car elles sont ancrées dans les traditions. L'élevage du bétail, principalement le zébu, omniprésent à Madagascar, joue un rôle capital, non seulement au niveau économique, mais également au niveau social. En effet, pour plusieurs ethnies, ces zébus constituent un signe extérieur de richesse. On ne recule alors devant rien pour maintenir le troupeau le plus grand possible, même pas le brûlage - qui est interdit sous peine de mort pour favoriser la repousse des herbages au détriment de la plupart des plantes vivant dans ces savanes. Les inselberg sont également atteints par les feux toujours plus grands dont les flammes lèchent les touffes de graminées et de Xerophyta. Les pluies éliminent ensuite, par lessivage, les succulentes rares qui s'y trouvent. Le problème est grave à tel point qu'à certaines périodes de l'année, normalement juste avant la pluie en décembre, il règne une sorte de demi-obscurité due à la fumée des feux innombrables. Et, comme pour d'autres menaces, celle-ci a tendance à s'intensifier par des feux plus fréquents chaque année.

Une autre menace vient de la perte de nombreux tabous (fady) dus à l'érosion des traditions chez certaines ethnies. De nombreux animaux et plantes ont probablement de tout temps été exploités par l'homme. Anciennement, ces ressources étaient prélevées d'une manière raisonnable et les tabous en interdisaient la récolte à certaines périodes (pour une meilleure reproduction), dans certains lieux (pour conserver une réserve), voire même certaines espèces étaient totalement interdites de cueillette (trop rares, vénéneuses, etc.). Ainsi, sur le Haut-Plateau méridional, le tsimondrimondry (Pachypodium brevicaule) est tabou: quiconque le prend dans les mains en meurt, dit-on. Ceci est un peu théâtral, mais pas incorrect, puisque la plupart des apocynacées sont toxiques, voire mortelles. Peu à peu, d'autres ethnies qui ne craignent pas les tabous se sont installées dans ces régions et récoltent - pour une bouchée de pain - ces plantes rares pour le compte de grands commerçants.

La déforestation, surtout si elle survient dans les parties de l'île où le climat est le plus extrême, est responsable non seulement de la perte directe de certaines espèces, mais aussi celle, indirecte, de beaucoup d'autres, par la transformation et la dégradation du milieu (érosion, désertification).

Plus sournoise, la menace de l'envahissement de Madagascar par des plantes exotiques est également très inquiétante. Plusieurs exemples frappants jalonnent l'île, mais le plus spectaculaire est certainement celui d'un cactus, le figuier de Barbarie ou raiketa (Opuntia dillenii). Cette plante fut introduite dans le sud du pays dans les années 1770 et se répandit à une vitesse fulgurante jusqu'à chasser la végétation autochtone. Elle servait de nourriture pour les zébus en période sèche et permettait également de construire des enclos à bétail à peu de frais. L'homme a bénéficié de cette invasion dans un premier temps, mais lorsqu'on ne parvint plus à récupérer les terres à cultiver envahies par le cactus, on fit venir une cochenille prédatrice de l'île de la Réunion voisine. Une grande quantité de plantes succombèrent, mais également de nombreux bovins qui se trouvèrent soudain privés de leur seule nourriture. Aujourd'hui, il semble que la progression vers le nord ait repris de plus belle. En tout cas, la composition de la flore dans certaines régions du sud se limite presque exclusivement à la raiketa! Le sisal (Agave sisalana), échappé des cultures importantes dans le sud, se retrouve également un peu partout sur l'île et empêche la circulation dans la
végétation en raison du bout acéré de ses feuilles coriaces, au désespoir du botaniste ... mais aussi de la faune locale!

Parmi les nombreuses autres menaces qui pèsent encore sur la faune et la flore, celle de la récolte des plantes pour le commerce n'est pas négligeable. Les succulentes et les orchidées sont particulièrement recherchées, comme les caméléons, grenouilles, et autres crocodiles.

PROTECTION

Plusieurs organismes du gouvernement ont des responsabilités dans la conservation de ces richesses naturelles, mais cette tâche incombe surtout à la Direction des Eaux et Forêts (DEF)*, qui s'occupe plus précisément de la protection des espèces. Des réserves naturelles et des parcs naturels ont été établis. " est évidemment interdit de prélever tout animal ou plante de ces sites protégés. L'accès à la plupart de ceux-ci est soumis à autorisation. Parfois, il est même interdit d'y accéder sauf pour une raison scientifique valable.

Il est également interdit de récolter, chasser et exporter, sauf autorisation de la DEF, des animaux ou des plantes sauvages, sur toute l'île. Il en va d'ailleurs de même pour les œufs (ou fragments d'œufs) d'aepyornis, certains coquillages (nautile), les minéraux ou certaines épices comme la vanille ou le poivre. La Convention sur le commerce international des espèces de la faune et de la flore sauvages menacées d'extinction (CITES), signée par près de 130 pays, contrôle ce commerce entre les pays et a pour but de maintenir l'exploitation des espèces sauvages à un niveau raisonnable auquel les populations animales et végétales peuvent se maintenir.

Extrait du guide : Découverte Madagascar - Guide Olizane




Accueil





L'oiseau libre | Annuaire | Album | Oiseaux d'Europe | Refuges pour oiseaux | Condition animale | Partenaires | Crédits photographiques | Infos site