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Voyage à Madagascar
Le tavy ou culture sur brulis
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Photographie Jacques Nicolin
C'est avant tout au nom de la tradition du tavy - culture sur brûlis - que d'énormes espaces de campagne malgache sont incendiés chaque année. De nombreux fermiers continuent en effet à penser que le feu accroît les substances nutritives de l'herbe. Mauvais calcul, affirment les spécialistes: un ou deux ans plus tard, elle repousse avec moins de nutriments et les zébus la boudent. Les paysans doivent alors chercher de l'herbe plus loin ... et réitèrent le brûlis. Il en résulte une érosion des terres sans augmentation du rendement des rizières. Dans les faits, les besoins de l'agriculture ne sont pas l'unique raison permettant d'expliquer la déforestation. Bois de chauffage - les nuits sont fraîches sur les hautes terres -, charbon de bois, artisanat ... les occasions de couper ou de brûler du bois ne manquent pas à Madagascar. Sans oublier les anciennes croyances, pour lesquelles le feu ferait venir la pluie, et les règlements de comptes. Les dégâts du tavy peuvent s'observer en de nombreux points de la Grande Île: aux abords de l'Isalo, le long de la côte occidentale ou encore entre Fianarantsoa et Manakara. Diverses organisations écologistes s'emploient avec acharnement, mais souvent en vain, à réduire cette pratique ancestrale. Leurs efforts visent surtout à aider les agriculteurs à modifier leurs méthodes de riziculture, à améliorer l'élevage en s'orientant vers des animaux moins gourmands que les zébus (porcs, poulets, canards ... ) et à opter pour d'autres combustibles et d'autres matériaux de construction. Une campagne visant à développer l'usage du gaz plutôt que du bois pour faire la cuisine a ainsi timidement vu le jour ces dernières années sur la Grande Île. Ces initiatives se heurtent cependant souvent à un écueil difficile à contourner: que donner en échange aux populations, qui attendent une contrepartie pour faire évoluer leurs pratiques ancestrales? Plus encore que dans une nation riche, l'écologie est un travail de longue haleine dans un pays où la misère se vit souvent au quotidien. Extrait du Guide Lovely Planet |
