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La migration des oiseaux

Les raisons de la migration

Pouillot de Pallas                                          Photographie Aurelien Audevard : Digiscoping Ouessant



En raison de leur aptitude au vol, les oiseaux ont pu coloniser des régions nordiques où ils ne disposent pas de nourriture en quantité suffisante toute l'année. Pendant la saison froide, ils migrent vers des régions au climat plus favorable, car plutôt que d'affronter les rigueurs de l'hiver, beaucoup d'oiseaux s'envolent vers les climats plus doux des contrées situées plus au sud. Le manque de nourriture et les sols enneigés des régions arctiques forcent certaines espèces à venir dans en Europe de l'ouest, où comparativement, elles trouvent notre hiver plus doux. Mais certains oiseaux font des voyages qui ne sont pas vraiment des migrations. Ainsi de nombreuses mésanges et des fringilles forestiers viennent passer l'hiver dans les jardins et se déplacent de quelques kilomètres seulement, mais souvent ils reviennent chaque soir dans les bois pour y dormir. Ces mouvements de très faible ampleur ne méritent pas vraiment le nom de migrations.

La migration est un mouvement saisonnier de certains oiseaux qui se déplacent entre une aire de reproduction et une aire d'hivernage. C'est une période intéressante car on peut voir beaucoup d'espèces inusuelles en route vers l'Equateur et au-delà.

La migration

Sur environ 600 espèces d'oiseaux terrestres qui nichent en Europe et en Asie, 40 % migrent en automne. La plupart des oiseaux migrateurs peuvent être répartis entre deux groupes : ceux dont tous les représentants quittent l'Europe en automne et ceux qui migrent à l'intérieur de l'Europe ou qui viennent y passer l'hiver. La plupart des oiseaux migrateurs voyagent seuls ou en petits groupes, d'autres se déplacent en grandes troupes. Un grand nombre d'oiseaux, tels que la grive mauvis, voyagent la nuit et se reposent le jour.

En Europe, la plupart des migrateurs traversent le continent en automne en direction du sud-ouest. Cependant, cette règle connaît des exceptions. Il existe des oiseaux qui nichent dans l'hémisphère sud et qui hivernent au nord, comme par exemple le puffin majeur et le pétrel de Wilson qui, hivernent dans l'Atlantique Nord. Le bruant mélanocéphale migre en direction de l'est en automne.

Les espèces dont tous les individus quittent l'Europe vont presque tous hiverner en Afrique et sont presque tous de vrais insectivores (hirondelles, martinets, gobe-mouches, Traquet motteux) ou le sont en grande partie (fauvettes, pouillots). Cependant le gobe-mouches nain, le pouillot boréal et le pouillot verdâtre vont passer l'hiver en Inde ou dans le sud-est asiatique.

La plupart de ceux qui viennent hiverner en Europe occidentale sont des canards, des oies et des limicoles venus du Grand Nord ou de l'URSS. Ils regagnent alors la mer du Nord, la Grande-Bretagne, ou l'ouest de la France où le climat est bien plus doux que dans le nord et le centre du continent. La recherche des aliments y est plus aisée car le gel et la neige sont moins fréquents. Ces oiseaux mangent surtout des herbes et autres plantes ou encore des invertébrés des plages ou des champs. De même, de nombreux oiseaux des eaux douces hivernent en mer et près des côtes où la glace est absente ; il s'agit par exemple des grèbes, plongeons et de nombreux limicoles de l'Arctique. Dans ce groupe on trouve aussi le héron cendré, le merle noir, l'étourneau, le cygne tuberculé, le martin-pêcheur qui sont largement sédentaires dans une grande partie de leur aire de répartition européenne, mais qui quittent les contrées nordiques trop froides en hiver ou dont les eaux sont prises par les glaces. Cela explique pourquoi au sein d'une même espèce certains individus migrent, alors que d'autres sont sédentaires.

La migration d'une espèce est donc souvent en relation avec son régime alimentaire et à la quantité de nourriture disponible. La plupart des oiseaux insectivores sont migrateurs et quittent l'Europe avant l'hiver. Ils partent habituellement en fin d'été, quand le nombre d'insectes diminue. Mais cependant, il y a des exceptions à cette règle. Certains oiseaux, comme les fauvettes gagnent le sud bien avant que le temps ou le manque de nourriture ne les y obligent, alors que d'autres comme beaucoup de canards ne migrent que s'ils y sont forcés par la neige et la glace. La fauvette pitchou, la cisticole des joncs et l'hirondelle de rochers sont en grande partie sédentaires, alors qu'elles sont insectivores. À l’inverse, dans d'autres groupes essentiellement sédentaires, on observe des espèces migratrices. La caille, la tourterelle des bois, le hibou petit-duc et le torcol vont hiverner en Afrique alors que les autres gallinacés, pigeons, chouettes et hiboux et les pics ne sont pas migrateurs. La plupart des pipits et bergeronnettes restent en Europe mais les Pipits à gorge rousse, des arbres et la Bergeronnette printanière sont de grands migrateurs.

Avant la migration, les oiseaux doivent accumuler des réserves d'énergie sous forme de graisse, qui leur permettront de faire face aux efforts intenses du voyage. Pour acquérir ces réserves énergétiques, les oiseaux doivent trouver des aliments en abondance mais quand les conditions sont idéales, la prise de poids est très rapide. Certains gobe-mouches noirs du nord de l'Europe s'engraissent en Espagne et au Portugal avant de traverser la Méditerranée et le Sahara. À raison de 0,25 à 0,30 g de graisse par jour, il leur faut 4 à 5 semaines pour acquérir les stocks nécessaires. Le phragmite des joncs qui pèse normalement 10 à 12 g peut doubler de poids avec la graisse, ce qui lui permet de voler pendant 115 heures au maximum. La Fauvette babillarde qui pèse généralement environ 10 g peut atteindre 18 g avant son départ en migration. Les bécasseaux sanderling et maubèche qui pèsent en moyenne respectivement 55 et 120 g peuvent eux aussi doubler leur poids avant d'entreprendre leur long voyage en direction de l'Arctique où ils nichent. Certains oiseaux de mer accumulent également des réserves de graisse avant de migrer : quand ils quittent la colonie, les jeunes puffins des Anglais pèsent bien plus que leurs parents et ceci leur permet d'effectuer une partie de la traversée vers l'Amérique du Sud.

Les raisons physiologiques du phénomène migratoire ne sont pas encore complètement établies, mais il semble que la longueur du jour joue un rôle déterminant en influençant les sécrétions de l'hypophyse.

Les départs précipités

Des hivers très froids peuvent décider du départ d'oiseaux, qui normalement ne migrent pas, vers des zones de l'Atlantique au climat maritime plus doux. Le départ de milliers d'oiseaux est la conséquence d'une raréfaction brutale de leur nourriture. Des afflux soudains de vanneaux, d'étourneaux, de roitelets huppés et d'alouettes peuvent se produire, venant de n'importe quelle partie de l'Europe où la nourriture est rendue inaccessible par le gel. Les pics épeiches scandinaves peuvent envahir le nord de l'Europe centrale quand les graines de conifères se font rares. Ces mouvements affectent des espèces granivores et frugivores (becs-croisés, jaseurs), mais aussi certains rapaces. La France joue souvent un rôle de refuge en cas de vague de froid plus nordique.

Dans le nord de l'Europe, les conifères produisent beaucoup de graines tous les deux à quatre ans et, dans l'intervalle, il peut y avoir une année de pénurie complète. Les becs-croisés envahissent alors le sud et l'ouest du continent.

Le jaseur boréal fait aussi partie de ces migrateurs occasionnels. Il revient périodiquement par cycle. Environ une fois tous les 10 ans, d'importants effectifs de jaseurs boréals migrent d'Europe centrale et du nord pendant l'hiver. Ces oiseaux se nourrissent habituellement de baies de sorbier, et on les observe rarement dans notre pays. Périodiquement, les baies manquent, aussi les jaseurs boréals s'envolent-ils à la recherche de leur nourriture. Ces sortes de mouvements sont le fait d'espèces dépendantes d'une source de nourriture dont la quantité peut varier fortement d'une année sur l'autre. Par exemple, la buse pattue des toundras arctiques capture des lemmings et autres petits rongeurs dont les populations s'effondrent puis se reconstituent tous les 4 ans. Le soudain manque de proies pousse alors des buses pattues jusque dans l'est et le nord de la France.

Nos oiseaux sédentaires peuvent faire mouvement vers le sud ou l'ouest si le temps se détériore soudainement. La plupart de ces oiseaux retournent d'où ils sont venus lorsque la vague de froid se termine.


Les retours

À partir de la fin février, les migrateurs partiels commencent à revenir sur leur territoire. Bergeronnette grise, grive draine, rouge-queue noir, étourneaux sansonnet et dans les champs les vanneaux huppés comptent parmi les premiers oiseaux de retour.

Au printemps lorsque les migrateurs regagnent l'Europe, ils apparaissent généralement plus tôt à l'ouest du continent que dans le centre ou à l'est. La vitesse de la migration est très variable mais d'une façon générale, la migration de printemps est plus rapide que la migration d'automne, et les migrateurs de la fin du printemps voyagent plus vite que ceux des tout premiers beaux jours.

Certains migrateurs, comme le pouillot véloce et la fauvette noire, reviennent dès mars, alors que d'autres, parmi lesquels le martinet et le gobe-mouches tacheté, n'atteignent nos rivages que fin avril, début mai. De plus, le moment décisif varie non seulement selon les espèces mais aussi selon l'endroit. Par exemple, l'hirondelle du sud de l'Angleterre revient vers ses sites de nidification vers la mi-avril, alors que celles qui nichent dans le nord de l'Écosse, n'arriveront que deux à trois semaines plus tard.

On a démontré que certains oiseaux s'orientent à l'aide des étoiles et du soleil, mais leur connaissance de la géographie locale intervient également, ce qui explique que certains individus reviennent chaque année dans le même jardin.