Animaux sauvages

Le blaireau

Photographie Patricia Huguenin                        Renard

Nom scientifique : Meles meles
Famille : Mustélidés



Identification

Le blaireau est un mustélidé impossible à confondre avec une autre espèce. On le reconnaît à son museau pointu et à sa tête blanche avec deux larges raies noires qui lui traversent les yeux. Ses petites oreilles rondes sont liserées de blanc. Le blaireau a un corps massif gris argent au dessus. Le ventre et les pattes sont noirs. Les pattes courtes sont armées de puissantes griffes non rétractiles qui lui permettent de fouir le sol pour se constituer un vaste terrier. Sa queue grise est blanche au bout. Il existe aussi des sujets totalement ou partiellement albinos, mélaniques ou rougeâtres qui peuvent être assez nombreux localement. Le blaireau a une seule mue qui commence au printemps. Les nouveaux poils de jarre et de bourre croissent en automne. Le blaireau européen mesure de 70 à 90 cm pour un poids de 10 à 15 kg.

Habitat

Le blaireau vit dans un terrier qu'il creuse dans les massifs de feuillus, constitué de forêts mixtes ou de feuillus offrant des sous-bois bien fournis. Mais on peut aussi le trouver dans les espaces fermés par des haies, les zones cultivées aux parcelles diversifiées, les friches et les clairières, les landes et les prairies, surtout s'il existe des points d'eau à proximité et même les parcs de grande superficie au cœur des villes. En montagne, il peut vivre jusqu'à plus de 2000 mètres d'altitude, sans toutefois dépasser la limite des arbres et pour autant qu'il puisse aménager un terrier. En revanche, il fuit les zones humides.

Il habite de vastes terriers comportant plusieurs chambres tapissées de matériaux plus ou moins variés dont des feuilles et des herbes. L'entrée est souvent située sous un rocher ou une souche. La chambre principale, située souvent à 3 mètres de profondeur, est en général séparée des entrées du terrier par des galeries de 5 à 10 mètres de longueur, qui peuvent être parfois sur plusieurs étages. Ce plantigrade habite souvent dans des terriers communautaires comportant de 3 à 10 entrées distantes de 10 à 20 mètres. Certains terriers sont occupés et agrandis par des générations successives pendant des décennies voire des siècles.

Mode de vie

Animal aux mœurs presque exclusivement nocturnes, il sort de son terrier avant la nuit entre mai et août et après le reste de l'année. En automne, il sort jusqu'à 10 heures par jour pour se nourrir. Les sorties sont moins régulières de novembre à février, car en hiver, son activité diminue et il reste au plus profond du terrier. En hiver, il n'hiberne pas mais dort davantage en vivant sur les réserves de graisse qu'il a accumulées pendant l'automne. Il peut perdre jusqu'à 3 kg à la fin de l'hiver.

Le blaireau vit en clans territoriaux, mais chaque individu se nourrit solitairement (excepté les jeunes). Plusieurs clans peuvent se nourrir dans le même territoire. Localement ils peuvent avoir une organisation sociale plus proche de celle des autres Mustelidae, les femelles défendant chacune un territoire. C'est le cas par exemple dans les montagnes en Italie. En moyenne, on trouve de 5 de 8 adultes par clan et des jeunes. La toilette mutuelle est fréquente parmi les membres du clan. Dans un terrier, deux ou trois blaireaux peuvent partager une chambre, mais en général chacun change de chambre et de compagnon au bout de quelques jours. Les blaireaux cohabitent parfois avec un renard ou des lapins de garenne La communauté vit sur des territoires variant de 30 à 200 ha en fonction de la richesse du milieu.

Photographie C.A. Vaucher - Batraciens-reptiles.com


Alimentation

Le blaireau européen est omnivore et opportuniste. Plus carnivore au printemps et au début de l'été, le blaireau devient plus végétarien à la fin de l'été et en automne. En hiver et au printemps, il consomme principalement des vers de terre. Il peut consommer 100 à 200 lombrics par nuit. Son régime est plus varié en été et en automne

Il se nourrit de tout ce qu'il peut trouver lors de ses expéditions nocturnes : petits mammifères (campagnols, taupes), grenouilles, insectes (coléoptères, chenilles, nids de guêpes et d'abeilles), vers de terre, cadavres (surtout en hiver), racines, tubercules, champignons, baies sauvages, fruits (myrtilles, framboises). N'étant pas adapté à la poursuite de proies, il lui arrive néanmoins de consommer des oiseaux ou des lapins handicapés ou morts. Certains Blaireaux chassent des Hérissons. En cas de disette, il lui arrive de prélever des épis de maïs dans les champs mais cet écart de régime reste exceptionnel. Et les autres cultures (blé ou avoine, par exemple) ne sont pas davantage endommagées.

Reproduction

L'accouplement se déroule le plus souvent de la fin de l'hiver au printemps, mais il peut être observé à d'autres périodes. L'implantation est différée, c'est-à-dire qu'une fois l'ovule fécondé, le développement de l'œuf ne se fera qu'au bout de 3 à 10 mois, reportant les naissances des petits dès la mi-janvier et surtout en février, parfois de la mi-décembre à avril. La durée de la gestation est de 7 semaines. Généralement les portées sont de 2 ou 3 petits, jusqu'à 5 au maximum et peuvent être de plusieurs pères. Les nouveau-nés naissent roses et sont revêtus d'un pelage gris peu fourni. Aveugles à la naissance, leurs yeux s'ouvrent à 5 semaines. Leurs dents de lait sortent de 4 à 6 semaines. Les jeunes restent dans le terrier au minimum 8 semaines avant de s'habituer progressivement à rechercher seuls leur nourriture. Pendant le sevrage, la mère peut régurgiter des aliments à demi digérés. À 3 mois leurs dents définitives apparaissent et ils sont normalement sevrés, mais le sevrage peut être retardé de 4 à 6 mois si la nourriture est rare. Après le sevrage, les jeunes restent auprès de leur mère, avec laquelle ils passent même souvent le premier hiver. À un an ils sont chassés du clan. Les mâles atteignent leur maturité sexuelle de 9 à 18 mois et les femelles entre 1 et 2 ans, mais en général, la première reproduction ne se produit pas avant 2 ans au minimum. Les femelles ne se reproduisent pas toujours toutes les années.

Espérance de vie

Le blaireau peut vivre au maximum 14 ans dans la nature et 16 ans en captivité. Mais en réalité, il est victime d'une mortalité importante, car 50 % des jeunes périssent dans leur première année. Ensuite la mortalité des adultes est d'environ 30 % par an. Elle touche davantage les mâles, d'où une prépondérance des femelles. Les causes de mortalité sont le trafic routier et les persécutions (chasse et piégeage).

La destruction du blaireau

Bien qu'il ne soit en aucune manière un vecteur de la rage, le blaireau européen pourtant a été chassé pour cette raison. À la suite des gazages au terrier pratiqués pendant longtemps pour lutter contre la rage vulpine, ses effectifs ont fortement baissé dans plusieurs pays européens (France par exemple).

Le blaireau est aussi accusé de causer des dégâts aux cultures. La chasse sous terre consiste à acculer le blaireau dans son terrier par au moins trois chiens qui sont introduits par les déterreurs. Les femelles gestantes ne sont pas épargnées. Pour le déterrage, on se sert de chiens tels que le Dachshund allemand. Il s'agit d'un mode de chasse traditionnel devenu illégal dans plusieurs pays. En France, la vénerie sous-terre s'exerce du 15 septembre au 15 janvier, mais elle peut être prolongée pour une période complémentaire du 15 mai au 15 septembre sur autorisation préfectorale.

Les chasseurs donnent eux-mêmes les solutions
Chasseurs et piégeurs accusent le blaireau de commettre des dégâts. En vérité :

1. Les dommages aux cultures sont peu importants "Les dégâts que le blaireau peut faire dans les cultures ne sont gênants que très localement et ils portent principalement sur le maïs, le blé, l'avoine et la vigne…" Bulletin mensuel de l'Office National de la Chasse, n° 104

2. Les méthodes préventives sont efficaces : "La méthode préventive apparaît être la meilleure pour éviter les dégâts… La pose d'un fil électrique à 15 cm du sol a fait la preuve de son efficacité." Bulletin de l'ONC (ouvrage cité).

Une cordelette enduite de répulsif tendue à 15 cm du sol avant la période prévisible des dégâts joue le même rôle.

3. Les terriers susceptibles d'entraîner des affaissements de terrain ne sont gênants que s'ils sont creusés au bas de digues. Il suffit d'en faire fuir l'occupant en y introduisant des chiffons imbibés d'un répulsif et de reboucher.







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