Animaux sauvages

La martre

Photographie C.A. Vaucher - Batraciens-reptiles.com


Nom scientifique : Martes martes
Famille : Mustélidés



Identification

La martre a un pelage d'un brun avec une bavette jaunâtre sur la gorge. La bordure et l'intérieur des oreilles, qui présentent une forme arrondie, sont de coloration plus pâle (brun clair à blanchâtre) que le pelage. Sa grande queue touffue deux fois moins longue que le corps et possède des plantes de pieds très velues. Elle diffère de la plupart des autres Mustelidae par ses pattes assez longues. La femelle est plus petite que le mâle.

Elle diffère de la fouine par sa bavette plus jaunâtre et plus courte. Chez la fouine, la bavette se divise en deux et descend souvent sur les pattes avant. Ses oreilles sont également plus longues et plus larges, la couleur du museau noir est rose chair chez la fouine.

De la tête au corps, la martre mesure environ 36 à 56 cm pour un poids de 800 gr à 2,2 kg. Le mâle est plus grand que la femelle.

Habitat

Animal essentiellement forestier, la martre est présente dans les espaces boisés de superficie importante qui présentent une grande homogénéité d'espèce (forêts de résineux, de feuillus ou mixtes). Elle évite souvent les clairières dans la journée et généralement se tient à l'écart des habitations, mais s'installe parfois dans un grenier pour élever ses petits. Dans les Alpes et les Pyrénées, on la trouve jusqu'à 2 000 mètres sans toutefois dépasser la limite des arbres.

La martre s'abrite généralement dans des cavités d'arbres situées en hauteur, ainsi que dans les abris d'oiseaux de proie, les nids de Pic noir, les vieux nids d'écureuils ou les grands nichoirs (chouette). Lorsqu'elle ne trouve pas ces abris arboricoles, elle se dissimule alors dans des crevasses de rochers, des tas de brindilles. Elle s'installe parfois dans un terrier de Blaireau (occupé ou non).

Photographie C.A. Vaucher - Batraciens-reptiles.com

Mode de vie

La martre est un animal solitaire, mais dont le comportement territorial est peu marqué. Mâles et femelles occupent des territoires proches. Très souvent, les domaines vitaux se chevauchent partiellement ou complètement. La martre a des mœurs sont presque exclusivement crépusculaires et nocturnes, mais en été, elle est active aussi le jour (contrairement à la fouine). En général, seuls les jeunes et leur mère se déplacent dans la journée (entre juin et septembre). En hiver, elle est rarement active de jour. Pour chasser la nuit elle parcourt de 300 mètres à 28 km. Les sujets nomades franchissent 18 à 25 km et même plus de 30 km en une seule nuit.

Excellente grimpeuse, la martre parvient à grimper rapidement jusqu'à la cime des arbres en progressant de branche en branche de façon saccadée comme l'écureuil roux, en enserrant le tronc ou les branches, grâce à des griffes qui lui assurent une bonne prise, qu'elle ait la tête vers le haut ou le bas. Elle est aussi agile et rapide que l'écureuil dont elle est prédateur. En Sibérie elle les suivrait même dans les régions où ils migrent. Elle se déplace aussi beaucoup à terre quand elle chasse. Quand elle a capturé une grosse proie, elle la hisse dans un arbre pour la dévorer sans subir la concurrence des autres carnassiers.

La martre n'hiberne pas car le pelage épais de sa plante des pattes lui permet de se déplacer rapidement sans s'enfoncer dans une neige peu compacte. Dans les régions froides, elle est diurne en hiver et passe la nuit dans un abri pour se protéger des températures inférieures à - 30° C. Les abris sont dispersés dans son domaine vital ; une demi-douzaine sont fréquentés régulièrement et beaucoup d'autres le sont une seule fois ou irrégulièrement.

Alimentation

La martre a un régime alimentaire très variés, différent selon les saisons et les régions. Elle est carnivore, insectivore et frugivore. En hiver, les cadavres forment 30 à 40 % de l'alimentation. La martre consomme environ 150 gr de nourriture par jour, soit 20 % de son poids corporel.

La martre se nourrit de petits rongeurs. Le campagnol agreste (Microtus agrestis) représente de 20 à 80 % du régime selon la saison et la région, les musaraignes (5 %). Elle se nourrit également de campagnol roussâtre et de mulots en petit nombre. Lorsque le lapin abonde, il peut remplacer les campagnols. En Scandinavie, l'écureuil roux représente 10 % de son régime alimentaire lorsque les petits rongeurs sont nombreux, mais jusqu'à 50 % s'ils sont rares. Campagnols et lemmings peuvent former 100 % de l'alimentation s'ils pullulent.

D'avril à septembre, elle peut se nourrir de batraciens (10 à 20 % du régime). Du début de l'été à la fin de l'automne, la martre consomme des baies et des fruits (jusqu'à 50 à 70 % du poids de la nourriture). Localement, en Suisse et en Irlande, elle peut être presque entièrement frugivore durant 6 à 7 mois de l'année. En été, la martre mange beaucoup de coléoptères (scarabées et carabes). En août et septembre, les nids de bourdons peuvent représenter plus de 30 % du régime.

Son régime alimentaire comporte aussi dans une moindre proportion des œufs, des oisillons et des oiseaux. D'avril à septembre, les passereaux forment jusqu'à 30 % du régime (merle, grive, pinson, troglodyte, mésange, etc.). Les pigeons et les pics sont chassés toute l'année. Elle s'attaque aussi aux faisans d'élevage lâchés dans la nature par les chasseurs.

Reproduction

La martre est un généralement silencieuse, mais elle émet des cris perçants pendant le rut et grogne au cours des poursuites qui précèdent la copulation. Une femelle peut s'accoupler avec plusieurs mâles. L'accouplement a lieu en été (juillet-août) mais la gestation est différée de plus de 8 mois, car la naissance des 3 ou 4 petits a lieu en avril-mail de l'année suivante. La durée de la gestation varie de 28-30 jours à environ 63 jours selon les auteurs. La mise bas a lieu dans les trous d'arbres situés à bonne hauteur du sol, une cavité de rocher, un vieux nid d'écureuil ou de rapace. Seule la femelle s'en occupe de la portée.

À la naissance, les jeunes sont aveugles et recouverts d'un pelage clair peu fourni gris-blanc, qui devient gris-brun à 3 semaines. Ils ouvrent les yeux à 5 semaines. À 8 ou 10 semaines les jeunes sont sevrés et ils apprennent à grimper prudemment aux arbres et à se déplacer au sol. À six mois ils s'émancipent et prennent la coloration et la taille des adultes. La femelle atteint la maturité sexuelle de 15 à 18 mois, le mâle de 24 à 27 mois.

Espérance de vie

Dans la nature la martre peut vivre 10 à 12 ans, mais en fait la longévité moyenne serait de 3 à 4 ans. En captivité elle peut atteindre l'âge de 17 à 18 ans au maximum. Les causes de mortalité sont nombreuses : chasse, piégeage, empoisonnement (en Irlande la population de Martres a été décimée), trafic routier, prédation par l'aigle royal et peut-être par le glouton.

Le classement dans les nuisibles

La martre est susceptible d'être classée parmi les espèces nuisibles selon les départements. Elle peut donc être chassable et piégeable, car elle est accusée par les chasseurs d'être responsable d'une prédation insupportable. Pourtant la prédation sur les oiseaux sauvages est marginale et elle ne peut être rendue responsable de la raréfaction du tétras lyre ou de la gélinotte dans les régions de montagne. Rappelons que la chasse du Tétras est autorisée (coq maillé). Les accusations portées par les chasseurs ne sont étayées par aucun travail scientifique, et la documentation existante les contredit.

La prédation exercée sur l'écureuil ne met pas en danger sa survie. Bien au contraire, elle assure la bonne santé de l'espèce, car la martre élimine principalement des animaux affaiblis pour diverses raisons (maladies, accidents). Elle joue donc un précieux rôle sanitaire en prévenant les épizooties. Lorsque la destruction de martres devint très importante, au milieu du XXe siècle, une épidémie se propagea et réduisit considérablement les populations d'écureuils. En outre, ce petit animal fut longtemps tiré au fusil car il était considéré comme indésirable par certains forestiers-chasseurs.

La martre ne s'approchant pas des habitations humaines, les captures de volailles domestiques ne peuvent être qu'exceptionnelles et ne figurent d'ailleurs pas dans l'énumération des proies établies lors des travaux de recherche scientifique.

Le seul problème qui peut se poser directement aux chasseurs, est lié aux lâchers d'animaux d'élevage pour les besoins d'une chasse artificielle. Pourtant il est normal et naturel qu'un prédateur cherche à rétablir un équilibre naturel rompu par l'arrivée anormalement massive de faisans d'élevage introduits pour alimenter les chasses communales ou commerciales en "gibier de tir". Ces nouveaux venus sont en surnombre et n'ont de surcroît aucune capacité d'adaptation au milieu. Le prédateur, comme c'est son rôle les élimine. Cette réalité est même reconnue par une publication cynégétique.

"Du fait de cette même loi du moindre effort, il est certain que le gibier de repeuplement constitue souvent une proie facile et particulièrement attrayante, d'autant qu'il est habituellement lâché à une époque où les prédateurs sont en quête de ressources supplémentaires pour l'élevage de leurs jeunes."
Plaisir de la chasse, mars 1988.


C.A. Vaucher - Batraciens-reptiles.com





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